Article réservé aux abonnés IL FAUT D'ABORD trouver l'impasse, à Villejuif (Val-de-Marne), en contrebas d'une avenue, cachée par les travaux de construction d'un quelconque ensemble en béton. Puis sonner à une petite porte ménagée dans ce qui ressemble à un garage. Derrière la porte, il y a un jardin et la maison où vit et travaille Hervé Télémaque. Les maisons plutôt: deux petits pavillons qui ont été raccordés et entièrement transformés. A gauche, une unique grande pièce, meublée essentiellement d'une immense table de bois. A droite, l'atelier. Et, partout, des oeuvres de Télémaque, dessins encadrés, toiles retournées, objets suspendus. Une petite statue africaine dresse vers le ciel ses bras coupés aux coudes. Petit célibataire un peu nègre et assez joyeux - Centre Pompidou. Le regard visite. Télémaque laisse faire, mais prévient: « En bon métèque, je n'ai pas de lieu. » Il a vécu à Haïti, son île natale, puis à New York. « En 1961, alors que je commençais à avoir déjà une petite carrière et quelques bons contacts, j'en suis parti pour Paris, raconte-t-il.
Hervé Télémaque Banania
Biographie: Hervé Télémaque est un artiste peintre français d'origine haïtienne, associé au courant de la figuration narrative. En 1957, il quitte Haïti pour New York et s'inscrit à l'Art Student's League où il étudie avec Julian Levi, jusqu'en 1960. Durant son séjour aux États-Unis, il s'est simultanément nourri de l'expressionnisme abstrait alors régnant et du surréalisme tel qu'il a été réinterprété et exploité par les artistes américains, notamment sous l'influence d'Arshile Gorky. Mais c'est dans les préceptes du Pop'Art qu'il va véritablement trouver sa voie bien particulière. Il vient en France en 1961 et s'installe à Paris. Il y fréquente les Surréalistes, sans adhérer formellement au groupe. Hervé télémaque banania ancien. Télémaque entend composer son propre vocabulaire plastique. Dans ses tableaux se retrouvent des objets usuels: cannes blanches, chaussures de tennis, tentes de camping. Il participe à l'aventure de la "Figuration narrative", celle d'artistes comme Klasen, Monory, Rancillac, Fahlström, que le critique Gérald Gassiot-Talabot réunit en 1964 dans une exposition intitulée "Mythologies quotidiennes".
le 5 mars 2015
C'est en 1964, suite à l'exposition Mythologies quotidiennes présentée au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, que naquit le mouvement que le critique Gérald Gassiot-Talabot baptisa « Figuration narrative ». Ce mouvement, qui faisait suite aux « Nouveaux réalistes » et qui, en revenant à la figuration, voulait définitivement tordre le cou à la seconde Ecole de Paris moribonde, apparaissait aussi comme une alternative au « Pop » anglais et américain qui commençait à triompher en France. Hervé télémaque banania logo. Plus politisé que ses avatars anglo-saxons, souvent plus complexe, il se voulait une dénonciation féroce de la société de consommation et un regard critique posé sur les politiques de l'époque. Mais la simplicité de lecture et la séduction immédiate des toiles de Warhol ou de Lichtenstein (alliées à la puissance d'un marché en pleine expansion) eurent raison des messages sophistiqués et parfois agressifs des français et, après une période de succès, la « Figuration narrative » sombra dans un oubli relatif dont certaines tentatives (comme l'exposition qui lui fut consacrée en 2008, au Grand Palais) ne parvinrent pas vraiment à l'extraire.