Cette exposition met aussi fort bien l'accent sur ce premier musée universel que fut le trésor des Médicis. On est surpris d'y trouver des oeuvres d'art venant d'Asie, des Amériques et d'Afrique. Ce vase chinois Longquan en céladon, aux lignes si pures et à la facture si dépouillée, paraît presque incongru aux milieu d'autres orfèvreries somptueuses. On voit aussi, dans le studiolo du duc François 1er, des cuillères du Bénin, un collier Taïno, cet inquiétant masque en jade Teotihuacan du Mexique, et ce somptueux manteau de plumes Tupinamba du Brésil. L'ouverture des Médicis au monde, leur dimension universaliste, leur intérêt pour de tels objets non seulement d'un point de vue esthétique mais aussi leur curiosité presque ethnologique sont une des grandes découvertes de cette exposition. Il y a aussi, et de plus en plus vers la fin de la dynastie, des objets scientifiques (avec Galilée en particulier) et des objets religieux. Parmi ceux-ci, j'ai aimé cette Âme damnée en cire de Gaetano Giulio Zumbo (1691/1695) aux petits démons très réalistes, et ces autres démons dans une explosion de feu dans une peinture sur pierre de Vincenzo Mannozzi, L'enfer (détail).
Trésor Des Médicis Musée Maillol Perpignan France
Une conclusion heureuse, celle du musée universel: le Pacte de famille conclu en 1738 par Marie-Louise, fille du grand duc Cosme III, dernière descendante des Médicis avec la maison des Lorraine autorise le leg du Trésor à la ville de Florence pour être vu de toutes les nations. La scénographie? On passe d'une salle à l'autre comme d'un palais florentin l'autre avec délice ne passant par le cabinet des merveilles ou le cabinet des mathématiques même si n'est pas toujours facile de faire le lien entre les panneaux et les œuvres exposées. Pour conclure, cette citation élogieuse d'Alexandre Dumas: que les Médicis dorment en paix dans leurs tombeaux de marbre et porphyre, ils ont fait plus pour la gloire du monde que n'avaient jamais fait avant eux et que ne feront jamais depuis, ni princes, ni rois, ni empereurs ». l'adoration des Mages, Boticelli, 1476, détrempe sur bois, Florence, Galleria degli Uffizi Ex-voto de Come II de Médicis Atelier Grands-Ducaux pierres dures, or, émaux, diamants et bronze doré Florence, Palazzo Pitti Marie de Médicis, Frans Pourbus le Jeune Anvers 1569-Paris 1622 1611 Florence Palazzo Pitti
Sépulture des Saints Côme et Damien, et de leurs trois frères
Adoration des Mages, 1475-1476 Florence, Galleria degli Uffizi Archivio fotografico della soprintendenza di Firenze
Au premier étage, l'exposition devient plus intimiste avec plusieurs petites pièces dont les murs sont recouverts de belles boiseries. Nous verrons, entre autre, une lettre de Catherine de Médicis au Duc de Guise, le bréviaire et un recueil de chansons de Laurent de Médicis, étonnamment bien conservés. Dans une autre pièce sont exposées deux tables magnifiques, en marqueterie de pierre. Plus loin un splendide petit bijou en forme de berceau, offert à la seule survivante de la lignée, Anne-Marie Louise (1667-1743), princesse Palatine, par son mari, qui manifestait ainsi son désir d'avoir un héritier. Ci-dessous la photo du bijou à sa taille réelle:
Berceau, vers 1695
Ofèvre hollandais (Amsterdam) Filigranes d'or, émaux, diamants, perles et soie, 4, 9 x 5, 5 cm
Florence, Palazzo Pitti, Museo degli Argenti Inv. Gemme 1921, n.