C'est de là que descendra à la fin une fumée blanche qui peu à peu voilera le visage de Rachida Brakni au point de la faire disparaître… La musique elle aussi, signée Patrick de Oliveira, se fait discrète mais lancinante, comme un rythme inexorable. Tout concourt à fournir à la comédienne juste un écrin. Le spectateur assiste impuissant à ce dénouement annoncé, ému par ces voix qui ne peuvent ni s'entendre ni se parler, représentatives d'une société fracturée et irréconciliable. ¶
Trina Mounier
Je crois en un seul Dieu, de Stefano Massini
L'Arche est agent théâtral du texte représenté
Traduction: Olivier Favier et Federica Martucci
Mise en scène: Arnaud Meunier
Collaboration artistique: Elsa Imbert
Assistante à la mise en scène et à la dramaturgie: Parelle Gervasoni
Avec: Rachida Brakni
Lumière et scénographie: Nicolas Marie
Regard chorégraphique: Loïc Touzé
Création musicale: Patrick de Oliveira
Costumes: Anne Zautran
Régie générale: Philippe Lambert
Décor et costumes: Ateliers de la Comédie de Saint‑Étienne
Durée: 1 h 30
Production: la Comédie de Saint‑Étienne-C.
Je Crois En Un Seul Dieu Massini Un
Le théâtre de Stefano Massini est aussi très documenté mais pas documentaire. C'est un auteur néo-pasolinien dans le sens où il cherche à marier le poétique et le politique. Dans Je crois en un seul Dieu, il rend compte de la vie au quotidien de ces trois femmes sur cette terre très particulière où quelque chose d'originaire se joue, qui irradie nos questionnements. Propos recueillis par Eric Demey
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Bourreau et première victime de « son » propre attentat-suicide, elle perdra la vie « en compagnie », entre autres, des deux autres narratrices, qui disparaissent et ressurgissent en alternance sur la scène, étrangères les unes aux autres et mêmes. La Palestinienne se livre délibérément à ce drôle de « martyre » – notion transmise par l'islam chiite, puis instrumentalisée par une pédagogie terroriste. La seconde narratrice plus âgée, professeur d'Histoire juive, proche de la gauche israélienne, évoque avec lucidité sa posture éthique, politique et sociale, un an avant l'attentat. Elle découvre en elle une part insoupçonnée, survivant à un carnage:
« Moi, je veux leur mort? C'est ça que je veux? Me venger? Moi? Moi qui fais partie des comités « pour le dialogue »? Moi qui ai toujours pensé: nous devons trouver une issue? Moi? »
Dans ces temps scéniques de parole féminine rigoureusement impartis et entrelacés, s'insère le monologue de la dernière protagoniste, soldate américaine qui arrive sur les lieux en renfort de la police locale israélienne pour lutter contre le terrorisme actif.
« Je ne sais pas, je l'ai fait et c'est tout. Je l'ai fait ». Eden Golan, 50 ans, est une professeure d'Histoire juive. Elle fait partie des milieux de la gauche israélienne. Shirin Akhras, 20 ans, palestinienne, est étudiante à l'Université de Gaza. Elle cherche à devenir une martyre d'Al-Qassam. Mina Wilkinson, 40 ans, est une militaire américaine. Elle fait partie des troupes qui prêtent main forte à l'armée israélienne dans les opérations anti-terroristes. Ces trois femmes racontent chacune les mois qui les séparent du 29 mars 2002. Leurs récits se... Lire la suite