Avec près de 10 hectares de chantier, la « ZAC De Bonne » est une des plus grosses opérations immobilières du moment à Grenoble. Entre le centre-ville et les grands boulevards, ce qui fût autrefois une caserne militaire accueille aujourd'hui l'imposante machine de guerre de toute métropole qui se respecte: ouvrier. e. s, pelleteuses, grues et bétonnières chamboulent la zone depuis plusieurs mois dans le but de créer un nouveau quartier. Centre commercial à Grenoble - La caserne de Bonne. Au milieu du champ de bataille, certains blocs de béton sont même déjà habités, tandis que dans les bureaux de la mairie, on s'échine à bricoler une « vie de quartier » là où il n'y a toujours eu qu'une ambiance mortifère. La caserne De Bonne a eu une histoire mouvementée. Construite à la fin du XIXe siècle par la ville de Grenoble, l'endroit servira successivement de logement pour l'armée française, de prison pendant l'occupation allemande, puis de siège du Centre de défense nucléaire biologique et chimique dans les années 70. Que du bonheur. Au moment où l'armée se professionnalise, la Grande muette vend les bâtiments à la ville de Grenoble.
- Projet caserne de bonne grenoble 2
Projet Caserne De Bonne Grenoble 2
Un bon choix, donc. La plupart des bâtiments militaires sont rasés et plusieurs maisons situées en bordure de la caserne, occupées par des associations, des squatteuses et squatteurs, font les frais des pelleteuses. Qu'importe si ces maisons étaient les dernières du quartier. Elles arboraient outrageusement des jardins là où un balcon suffit amplement. Caserne de Bonne - GRENOBLE - SOLS. Leurs habitant. s y vivaient plutôt que de se reposer après le travail. Et puis, surtout, elles ne rapportaient rien. Ambiances
Le vendredi 22 août 2008, la place principale du « quartier », enserrée au milieu d'austères bâtiments militaires, est inaugurée en présence du maire Michel Destot et d'à peu près tout ce que l'armée compte d'inutiles gradés en tenue d'apparat. Les badauds peu nombreux subissent trois fois la marseillaise, l'omniprésence du drapeau tricolore, et des discours hypocrites sur l'esprit de résistance. Car oui, le général Alain Le Ray, dont cette « esplanade » porte maintenant le nom, fut en son temps résistant. Plus tard, gravissant les échelons au sein de l'armée, il participera aux guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie.
Encore une plaque de marbre qui pue la mort. Plusieurs mois après son inauguration, cette place n'arrive toujours pas à attirer une vie humaine. Froide, grise et aseptisée, elle repousse. La seule commerçante installée ici baisse les bras, veut mettre en vente sa boutique et quitter le quartier. Autre tentative pour humaniser l'endroit, en novembre 2008, le WWF, en collaboration, avec la ville, installe 1600 sculptures de pandas censées alerter sur la situation de cette espèce en voie de disparition. Béton et pandas feraient-ils bon ménage? Encore une pitoyable opération de com' dont seul les élu. s Vert-e-s trouvent à se féliciter, ce qui n'est pas étonnant pour des personnes pour qui quelques arbres plantés le long d'une rocade constituent une victoire. Dernier essai en date pour faire croire que ce « quartier » pourrait être accueillant, le vendredi 5 juin se déroule sur l'esplanade un concert « trad swing » avec le groupe « bal o'gadjo ». Projet caserne de bonne grenoble st. Le temps est maussade, le public, majoritairement composé d'étudiant.